Questions

Mars, je suis à neuf mois du grand départ ! La date approche, avec elle de nombreuses questions. La plus fréquente ? Comment vais-je gérer le fait de voyager seul ? Si l’idée d’avoir la totale liberté d’aller et faire ce que je veux est assez exceptionnelle et grisante, la crainte de la solitude est latente. Ici ma vie est rythmée par les échanges et le partage. Clients, fournisseurs, famille et amis, les moments de solitudes sont rares, et sont vécus avec la rassurante perspective de pouvoir voir quelqu’un, si j’en ai besoin. Qu’en sera t-il seul, loin de chez moi ?

Me Gusta Malasaña, me gustas tu

La meilleure chose à faire à mes yeux pour balayer ces doutes et questions : se confronter à la réalité du voyage seul. La décision est prise, ce sera Madrid, du 4 au 8 avril. Départ de Beauvais, auberge de jeunesse réservée, elle se situe dans le quartier de la Malasaña, rendu célèbre par le chanteur Manu Chao. « Me Gusta Malasaña, me gustas tu », ça vous parle ? Je fais le malin mais je l’ai appris sur place. Un quartier vivant, vibrant, comme l’ensemble de la ville d’ailleurs. Il est environ 15h30 quand j’arrive à l’auberge, après le transfert en bus de l’aéroport au centre-ville. Mon espagnol est à dépoussiérer, alors je suis prêt pour enfin tester mon anglais. Je le travaille depuis deux ans, il est temps de savoir si cela a été efficace. Let’s go, je pousse la porte…

Les couleurs de la Malasaña

Comment on dit seum en anglais ?

L’accueil est chaleureux, mon hôte se présente en anglais, je lui renvoie mon prénom en m’appliquant à lui donner mon meilleur accent. Sa réponse: « Ah tu es Français ! » Valentin est Belge, il ne s’est pas laissé dupé par mon accent, et ma première conversation se fera donc dans la langue de Molière. Après m’avoir expliqué le fonctionnement de l’auberge, et indiqué les lieux incontournables de la ville, il me donne rendez-vous à 21h pour le repas du soir, concocté et offert par l’équipe de l’auberge. J’y serai !

Comme à la maison !

Un chili con carné avec Julien Doré

L’odeur de chili con carné a envahit la salle commune de l’auberge. Une vingtaine de résidents sont présents, je m’installe sagement dans un coin, j’écoute, je suis prêt à dégainer mon anglais. Rapidement le contact se crée, un Australien, une Lyonnaise, et un Américain, qui soit dit en passant est un véritable sosie de Julien Doré. Je suis vite rassuré. Je comprends ce qu’on me dit, je parviens à exprimer ce que j’ai envie de dire. Je me surprends même, en fin de repas, et après deux bières je l’avoue, à expliquer à Thômas, l’Américain, que sa ressemblance avec un « famous french singer » m’interpelle. Il sort son téléphone et me montre une photo du chanteur. Quelqu’un d’autre lui a fait remarquer dans la journée. Rires.

En vrai je vous jure que c’est un sosie. Peut-être un peu moins sur cette photo…

Promenade et averse de grêle

Le lendemain c’est une autre journée qui m’attend. Alejandro, avec qui j’échange depuis quelques jours sur l’appli couchsurfing, m’a proposé de me faire visiter la ville. Il est Vénézuélien, vit à Madrid depuis quinze ans, et la perspective de découvrir la ville aux côtés de quelqu’un qui y vit quotidiennement me plait beaucoup. Nous nous retrouvons sur la Puerta del Sol, l’une des places centrales de Madrid. Alex a vécu un an en France, il me propose donc d’échanger en Français. Mon Espagnol ne s’est pas amélioré depuis la veille, mais je suis aussi venu pour parfaire mon anglais. Le sien est bon. « On essaye en Anglais et on se garde la Français en cas de difficulté ? » Ok c’est parti ! Plaza Mayor, Palais Royal, la promenade est tranquille, pleine de découvertes, et rythmée par nos échanges. Nos vies, nos envies, nos projets, j’en apprends autant sur Madrid que sur Alex et, à cet instant, je comprends que j’ai fait le bon choix… Un averse de grêle – oui de grêle – nous oblige à entrer dans un bar. Jawad, un ami Libanais d’Alex nous rejoint, la soirée se prolonge jusqu’au petit matin. Quelle belle journée.

Jawad et Alex, du Liban au Vénézuéla, mais surtout de bar Madrilène en bar Madrilène

Jamais seul

Le samedi est rythmé par les tapas, les promenades, et la rencontre d’Elodie et Bastien, frère et soeur qui vivent à Bordeaux, et Sandra, voyageuse Québécoise qui découvre l’Europe avant d’attaquer l’Amérique du Sud. C’est avec eux que je vais passer ma journée et ma soirée. Tout le monde est francophone, mon cerveau se repose donc un peu. En à peine 48h j’ai l’impression d’avoir gagné des amis. Promis Elodie et Bastien je viendrai vous rendre visite à Bordeaux. Promis Sandra je viendrai déguster une poutine à tes côtés. Sans entrer dans le détail, tous les trois ont été à mes côtés alors que je traversais un moment difficile le dimanche. Loin des miens j’avais pourtant l’impression d’être chez moi, grâce à eux. Ce soutien inattendu, simple, honnête, et incroyablement sincère, je ne l’attendais pas, il est venu confirmer l’idée que finalement, je ne serai jamais vraiment seul. Le dernier mot revient à Sandra qui m’expliquait avec son charmant accent Québécois : « Tu verras tu t’apercevras qu’on a le choix. Le choix d’être seul ou pas ». Ce jour là j’étais heureux qu’ils soient là.

Bastien, Elodie et Sandra, que dire à part merci