📝 Anecdote du jour 
📅 18/01/20, 10h30 heure locale
📍 La Havane 🇨🇺

Mon avion vient tout juste d’atterrir Ă  La Havane. Ma nuit a Ă©tĂ© courte, mais je suis tellement heureux de mettre le pied sur le sol Cubain que je ne ressens aucune fatigue. Je rĂ©cupère mon bagage, passe la douane et les divers contrĂ´les sans le moindre problème, et vient la question du transport entre l’aĂ©roport et le centre-ville. Une question existentielle quand on voyage avec un budget limitĂ©. 
Je n’ai aucune information viable sur ce qui existe ici, n’ayant pas pris le temps de me documenter. Grosse erreur car ici, pas de wifi. 
J’arrive dans le hall de l’aĂ©roport, un premier Cubain me voit les yeux grands ouverts Ă  chercher, me propose rapidement de m’aider et fini par m’orienter vers… un chauffeur de taxi. Je hais les taxis pour une raison simple : j’ai le sentiment qu’Ă  chaque fois, je me fais arnaquer. Je demande le prix de la course par curiositĂ©, 35 CUC, soit 35 euros. Oui, ce pays prĂ©sente cet avantage d’avoir le taux de conversion le plus simple pour nous, EuropĂ©ens. Bref, c’est beaucoup trop. Je demande alors oĂą sont les bus pour le centre-ville. Les bus ? Pas de bus ici amigo. 
Ok, ça m’Ă©tonnerait, je vais chercher. 

Pas de bus ? Vraiment ?

Un deuxième chauffeur de taxi me propose ses services. 25 CUC cette fois, car il s’agit d’un taxi partagĂ©. C’est toujours trop, et je veux ĂŞtre certain de ne pas pouvoir trouver mieux. 
Je poursuis mon chemin et dĂ©cide de retirer un peu de cash. Une dame est lĂ  pour orienter les touristes en quĂŞte de billets de banque. Elle m’indique oĂą aller, comment cela fonctionne, elle est vraiment gentille. J’en profite pour lui en demander plus Ă  propos des bus. Elle regarde en direction des chauffeurs de taxi qui me guettent encore, comme pour s’assurer qu’ils ne vont pas l’entendre, et m’indique que je dois me rendre Ă  gauche en sortant de l’aĂ©roport. VoilĂ , j’ai mon info ! 
Je sors, m’engage vers la gauche, 50 mètres, 100 mètres, rien. Tout ce que je vois c’est une file de vingt taxis qui attendent les uns derrière les autres leur tour pour pouvoir s’avancer juste devant l’aĂ©roport. Mince ! J’ai dĂ» mal comprendre. Je retourne en direction de l’aĂ©roport, un cubain s’avance vers moi, il semble chercher Ă  m’aider. Je lui demande Ă  nouveau pour les bus. Ă€ 4 km Ă  pied dans cette direction… Tu auras plus vite fait de prendre un taxi amigo. OK, lui aussi veut que je monte dans un taxi. Je vais devoir finir par m’y rĂ©soudre. 

Persévérance

Mais pourquoi m’a-t-elle dit ça, cette dame ? Quel intĂ©rĂŞt si ce n’est pas vrai ? Je me dirige Ă  nouveau dans la direction qu’elle m’a indiquĂ©… quelque chose a changĂ©. Sur un vieux banc, posĂ© sur un trottoir dĂ©labrĂ©, quatre ou cinq personnes semblent attendre. 
Je m’approche vers l’un d’eux et l’interroge. Oui, il attend le bus. OK, donc c’Ă©tait lĂ . Pas d’abris, pas de panneau avec les horaires, pas de numĂ©ros de lignes, de chiffres, de couleurs, rien, juste ce banc, et ces gens. Alors j’attends. 
Apres 40 minutes environ – et une fausse joie collective quand un bus s’approche enfin mais que tout le monde rĂ©alise finalement que ce n’est pas le bon – il arrive. 
Et lĂ , c’est un peu la course Ă  la meilleure place. On se croirait Ă  Carrefour V2 le matin des soldes. J’ai le temps, et rester debout ne me dĂ©range pas, alors je passe le dernier. Tout le monde monte, passe un ticket dans une machine absolument indescriptible, ou donne un billet au chauffeur qui rend la monnaie sans mĂŞme Ă  peine regarder ce qu’on lui donne. Mon tour arrive, je lui demande combien cela coĂ»te pour aller Ă  La Havane Centre. Il me crit dessus quelques mots dont je ne comprends strictement rien. Je comprends juste qu’il n’a pas le temps, et qu’il ne veut pas de mon billet. Qu’importe. J’ai attendu ce bus, j’y reste. 

Victoire !

Nous voilĂ  parti, avec dans un coin de la tĂŞte l’idĂ©e que peut-ĂŞtre je vais me faire contrĂ´ler. Que ce trajet va finalement me coĂ»ter beaucoup plus que les 25 CUC du taxi… on verra bien. Quelques arrĂŞts inopinĂ©s, quand des gens sur le bord de la route levent la main, rien ici ne ressemble Ă  ce que je connais. 
Je sors mon tĂ©lĂ©phone pour me geolocaliser, vĂ©rifier que le bus va dans la bonne direction, quand une dame d’une cinquantaine d’annĂ©es me tape sur l’epaule. Elle m’explique que pour aller Ă  La Havane je dois changer de bus, elle m’invite Ă  la suivre. Heureusement qu’elle Ă©tait lĂ , cette dame. 
Je descends du bus, soulagĂ© car je n’ai pas payĂ©, et que je n’ai pas pris d’amende. Ouf. 
Quelques minutes d’attente pour le suivant, j’en profite pour remercier cette gentille dame, et monte dans le nouveau bus. Je prends mon courage Ă  deux mains pour interroger le nouveau chauffeur, il me rĂ©pond, je ne comprend rien, lui montre 5 billets de 1 CUC chacun – pas envie de lui montrer que j’ai plus – il en prend un, me rend un billet dont je ne comprends pas la valeur, qu’importe, je viens de payer moins d’un euro pour me rendre dans le centre-ville. J’ai rĂ©ussi ! 

Immersion

Les quelques kilomètres qui suivent sont un mĂ©lange de lutte physique permanente pour ne pas tomber, dans ce bus dont les codes de conduite sont diamĂ©tralement opposĂ©s Ă  ceux que l’on connaĂ®t, et de sentiment profond d’immersion dans une autre culture. Il doit y avoir plus de 60 personnes dans ce bus accordĂ©on, et je suis le seul touriste. Tous les autres ont visiblement succombĂ© Ă  l’appel des taxis. Hypothèse validĂ©e par plusieurs voyageurs sac Ă  dos que j’ai rencontrĂ© plus tard, tous etonnĂ©s d’apprendre que je suis arrivĂ© en bus. 
Je descends du bus au pied du Capitole, les yeux grands ouverts sur ce nouvel environnement, et me satisfait de cette petite victoire que je viens d’obtenir. Cool, ce soir je vais pouvoir manger au resto sans me priver…