Quelques lignes de réflexion pour fêter les 3 mois de voyage, et, je l’espère, quelques ondes positives pour ceux qui en ont besoin…
📝🎶 Et toi, à quel moment tu es vivant ?
Si d’un point de vue physiologique il est assez incontestable que je suis bien vivant, il me semble que cette notion mérite d’être nuancée, qu’elle mérite même peut-être d’être redéfinie.
Mon coeur bat, j’en suis sûr, et avec lui tout un processus complexe que mes professeurs d’anatomie de la fac des sports de Lille ont jadis tenté de m’expliquer… en vain. Mais si je n’ai tiré que peu de choses de ces longues heures d’amphithéâtre, j’ai néanmoins compris que je suis un être vivant, doté d’un ensemble extrêmement complexe d’éléments, qui lorsqu’ils fonctionnent correctement, me permettent de vivre, normalement. Une sorte d’orchestre symphonique, mené par un chef d’orchestre au tempérament variable, mais souvent monotone, qui nous jouerais une musique telle que les musiques d’ascenseur. Notez d’ailleurs que, pour ma part, je ne me souviens pas être monté dans un ascenseur dans lequel il y avait de la musique. Bref, passons.
Subir
Je suis vivant donc ! La belle affaire. Pourtant c’est étonnant, car parfois, souvent même, j’ai l’impression d’être juste là. Je suis là. Posé quelque part, actif souvent, d’un point de vue strictement moteur, mais complètement inactif dans le coeur et dans le ventre. Comme le percussionniste perché au fond de notre orchestre, cantonné a tapé à intervalles réguliers sur une cymbale qui semble à peine encore lui appartenir. Un rythme lent, un rythme ennuyant, un rythme subi, un rythme de survie. Je m’excuse au passage de galvauder ce mot qui a un véritable sens pour beaucoup trop de gens dans ce monde qui, chaque jour, luttent pour simplement boire, manger ou même encore se protéger, mais il me semble que c’est celui qui définit le mieux l’idée que j’essaie d’exprimer. Je survie ! Faisant chaque jour au mieux pour entretenir ce rythme physiologique, faisant chaque jour au mieux pour gagner ma vie et donner à ceux qui en ont besoin, l’image qu’ils attendent de moi, me mettant au diapason de mon environnement, subissant le rythme monotone d’une musique dont je n’ai choisi ni l’artiste, ni la piste.
Inspiration
Mince ! Je veux bien rester percussionniste, mais il va falloir que j’ai une petite discussion avec le chef d’orchestre. Voilà en gros ce que je me suis dit il y a un an et demi quand j’ai décidé de partir voyager. Et le processus qui m’a amené à cette réflexion, si il est un peu trop long à expliquer, trouve son origine dans une discussion que j’ai eu avec mon ami Nicolas. Un mec inspirant, qui est pour beaucoup dans cette aventure incroyable que je vis aujourd’hui. Nico vis dans le sud, on se voit rarement, et il y a trois ans alors qu’il etait de passage dans le nord, nous étions réuni à trois autour d’un verre, avec mon meilleur ami. On discute, on rigole, on se parle de tout, de ce qui va, de ce qui ne va pas, de nos bons moments passés, de nos projets. On est bien, tout simplement. Nico choisit alors de résumer cela avec une expression qui pour toujours lui appartiendra, mais qui depuis ne m’a jamais quitté, « les gars à cet instant je me sens si bien, à cet instant je me sens vivant ». La voilà la véritable définition. Je suis vivant parce que je ressens l’instant. Je suis vivant parce que mon cœur parfois, mon ventre souvent, m’envoient le message qu’enfin, la mélodie est plus rythmée, plus belle, qu’elle est désormais jouée non plus dans le seul but de faire battre mon cœur, mais plutôt pour le faire danser.
Vivant
J’étais tellement vivant quand je regardais les Aurores Boréales, niché dans une rivière d’eau chaude Islandaise, après des kilomètres de marche froide, tel un aventurier. J’étais tellement vivant quand je pleurais à New York devant l’immeuble de friends, symbole d’une série collée à mon coeur qui m’accompagne depuis plus de 20 ans. J’étais tellement vivant quand je jouais au football avec des gamins cubains qui n’ont rien, mais qui m’ont donné tout le bonheur que leurs yeux à eux seuls pouvaient montrer. J’étais tellement vivant quand, dans un bus au fin fond de l’Amérique Latine, j’embrassais une inconnue tout juste rencontrée, faisant battre mon coeur comme celui d’un adolescent. J’étais tellement vivant auprès de tout ces gens croisés ci et là, discutant de leur vie dans leur pays, discutant de la mienne aussi, grandissant chaque jour un peu plus à leur côté.
Je suis tellement vivant depuis que j’ai changé le disque – ou la playlist pour les moins vieux – je l’ai changé en sachant parfaitement que certaines pistes me plairaient moins que d’autres, mais avec la certitude que les plus belles chansons rythmeraient ma vie pour toujours, et que les paroles seraient gravées à jamais dans mon coeur. Je suis parti il y a trois mois, plus que jamais depuis mon coeur danse, plus que jamais depuis je suis vivant.