Dans un mois je partirai. Laissant derrière moi famille et amis, n’emportant qu’un sac à dos et les souvenirs gravés de tous les bons moments passés. Je ne suis pas encore parti, mais j’ai déjà quitté plusieurs symboles forts de ma vie ici. Vidée de mes meubles, de mes tableaux, de mes photos, ma maison est désormais investie par des gens que je ne connais pas. Je précise d’ailleurs que cette perspective – celle de savoir que des étrangers sont chez moi – ne me fait ni chaud ni froid. Ma maison n’a de valeur que par les gens qui y sont venu, et les moments qu’avec eux, j’ai vécu. Mais quitter cette maison était un premier pas important vers l’aventure qui m’attend. Et le premier morceau du socle sur lequel je vis aujourd’hui qui a disparu. Depuis quelques semaines je n’ai plus de voitures, et dans quelques semaines je n’aurai plus de travail. Je serai presque nu.
Réconfort
Présenté ainsi, la perspective à de quoi être quelque peu effrayante. Mais si je souhaite partager ces quelques lignes avec vous c’est que, outre la perspective exceptionnelle et grisante du grand saut vers le voyage, le fait de me libérer peu à peu de ces contraintes est étonnamment réconfortant. Comme si mon cerveau se libérait d’un peu de place, rendant tout le reste plus fluide et agréable. Une maison c’est un loyer, des charges et des travaux. Une voiture c’est un crédit, de l’entretien et du carburant. Un travail c’est de l’énergie, et bien souvent des soucis… Alors je suis bien conscient que le travail, comme la voiture et la maison sont des éléments nécessaires au quotidien de beaucoup d’entre nous. Mais le projet qui m’anime aujourd’hui, et les étapes qu’ils m’imposent, ouvre cette réflexion qui me semble fondamentale. Quid de tout cet espace désormais libre dans mon esprit ?
Disque dur
Est-ce que finalement l’idée ne serait pas désormais de libérer le disque dur cérébral de chaque élément inutile et encombrant, aussi petit soit-il ? Et si je parle de disque dur c’est que cela m’évoque la défragmentation chère au spécialiste de l’informatique. Une opération qui consiste à réorganiser chaque octet de donnée pour que l’accès aux informations soit plus rapide et plus fluide. Je déteste l’idée que l’être humain puisse fonctionner comme un ordinateur. Un regard, un parfum, une émotion, c’est bien cela qui nous anime tous, et moi le premier. Mais est-ce que se libérer de certaines choses qui ne sont pas fondamentalement utiles, ou bien encore qui sont désagréables, ne serait pas une manière seine et efficace pour voir les choses plus clairement, et avancer ? C’est l’impression que me donnent les quelques semaines qui viennent de s’écouler.
Une chose est sûre, je vais découvrir suffisamment de belles choses, et, je l’espère, faire suffisamment de belles rencontres pour, bientôt, pouvoir ranger de nouvelles émotions dans ces espaces que j’ai libéré. Je suis certain que celles-ci seront bien plus facile à retrouver, et bien plus agréables à stocker.