ÉPISODE 1 : DES BILLETS DE TRAIN S’IL VOUS PLAIT !!!
Objectif du jour : Profiter de la ville avant de la quitter et, en premier lieu, trouver mes billets de train à la station principale de Delhi.
Depuis deux jours, mes demandes en ligne sont bloquées, car je ne reçois pas le code de validation. Ma carte Sim indienne est bien active, je peux envoyer des SMS, en revanche mon téléphone n’étant pas compatible 5G, je ne suis pas connecté à internet. Est-ce que cela explique l’impossibilité de recevoir ce code ? Étrange.
Je quitte l’hôtel à 11h, y laissant mon gros sac pour m’alléger. Moins de 10 minutes de marche pour rejoindre la gare. La gare : quel capharnaüm !
Entre ceux qui veulent me faire prendre en tuk-tuk (mais je suis arrivé les gars) et ceux qui veulent m’aider pour me prendre un peu de sous, je me fraye un chemin tant bien que mal vers la station. J’ai lu dans mon guide de voyage Lonely Planet (fort utile depuis mon arrivée) que le bureau national pour les touristes étrangers est au premier étage. On m’oriente, je reste extrêmement vigilant, un immense panneau confirme que j’ai trouvé mon chemin.
Bienveillance ?
Je grimpe l’escalier et me retrouve dans un long couloir complètement vide. Mais où sont les touristes étrangers ? Après une cinquantaine de mètres, j’aperçois un homme seul au fond du couloir. Me voyant un peu perdu, il vient à ma rencontre. Très gentil, il m’explique en me montrant la porte que le bureau est fermé depuis le Covid et qu’il a été déplacé au bâtiment principal. Je ne sais pas où c’est ! La gentillesse de mon interlocuteur transpire autant que moi, il décide de m’emmener à l’extérieur de la gare jusqu’à un tuk tuk qu’il négociera pour moi afin que je paie le prix juste. Quel sens du service. Je monte à bord, le remercie et engage la conversation avec le chauffeur qui me donne quelques conseils pour mes futurs déplacements.
Dix minutes plus tard, je pénètre dans le bureau national pour les touristes étrangers. Je prends le temps d’observer la devanture pour vérifier que je suis bien dans un bureau officiel. On m’installe à un bureau, clim, tout est propre et clair. Un officier me demande mon passeport et où je souhaite aller. Il me regarde avec un peu d’insistance : On s’est déjà vu, je crois, non ? Me questionne-t-il. Oula ! Je n’aime pas trop. Mon pote, on est des millions dans cette ville, je suis là depuis deux jours et tu m’aurais déjà vu ? Je prends cette question pour une tentative d’installer une forme de proximité. Je passe le mode méfiance au niveau maximal.
Je ne crains rien à attendre d’avoir les tarifs. Quelques minutes plus tard, l’officier m’annonce un tarif cinq fois supérieur à celui que j’avais vu en ligne. Je le remercie gentiment et sort, déçu.
Dépassé par la technologie indienne !
Le chauffeur de tuk-tuk est encore là. Il s’empresse de me demander pourquoi je sors si vite, il est prêt à m’emmener à un autre bureau officiel. Je lui explique calmement que j’ai compris la supercherie et que je vais me débrouiller tout seul. Je me refais le fil : le mec qui oriente au rez de chaussée de la gare, le mec solo à l’étage, le tuk tuk, le bureau, absolument tout est orchestré pour te faire tomber. Ils m’ont emmené jusqu’à l’étape finale, pas au delà. Le pire dans tout ça ? Les appels à la vigilance sont particulièrement incisifs et précis dans le guide Lonely Planet. Je les avais lu, mais une fois au cœur de toute cette folie…
Bref, je retrouve vite le sourire en constatant que je suis près de Connaught Place, que je souhaitais justement venir explorer aujourd’hui. Au final, j’ai payé un tuk-tuk 10 centimes au lieu d’un euro cinquante (minimum), c’est une petite victoire. Mais je n’ai toujours pas mes billets de train.
Ma décision ? Me rendre à la boutique Airtel (équivalent d’SFR chez nous) pour demander une carte compatible 4G. Le vendeur, souriant, m’explique que ça n’existe pas. De deux choses l’une : soit j’accepte de ne pas avoir internet quand je sors des hôtels et restaurants, soit j’achète un téléphone compatible 5G. Il me semble qu’avoir internet va régler trop de problèmes pour me permettre de m’en passer (barouder oui, m’infliger de la souffrance… heu non). Mon téléphone est disloqué, cassé de partout (je l’ai acheté en 2019 pour partir autour du monde.), il aura tenu 4 ans, pas si mal.
Vive Samsung
En face d’Airtel, une boutique Samsung, je le prends comme un signe. J’ai eu tellement raison. Le vendeur me propose le moins cher, ce qui me rassure sur ses intentions. Je prends 30 minutes (connecté au wifi de la boutique), pour faire mon choix dans la gamme. 300 balles, je ne voulais pas mettre plus. Le vendeur m’installe, m’offre un café, je lui explique mon problème de train pendant la configuration, et là cet homme, que je ne remercierai jamais assez, va se mettre à tout faire pour que j’obtienne mes billets de train.
Il essaie tour à tour, de refaire la procédure en ligne via mon compte (toujours pas de sms), de m’envoyer un sms pour voir si ça fonctionne (ça fonctionne), de commander les billets via son compte à lui (impossible), d’appeler la compagnie des trains et de demander à sa collègue d’appeler les bus (autre problème, à quelques heures du départ, les trains sont sans doute pleins désormais). Rien de fonctionne ! Mais rien n’arrête non plus mon ange gardien. Il demande à l’un de ses vendeurs, qui a lui, un ami juste à côté, de me mener à un bureau pour réserver mes tickets. «Appelle moi quand il te donne le prix et je te dirai si c’est ok».
Trente minutes plus tard j’ai mes trois billets de train (Delhi-Varanasi / Varanasi-Agra / Agra-Delhi). Oui, une fois en mesure de réserver, j’ai évidemment préféré tout faire tout de suite. Quel soulagement !
J’ai trouvé mes billets de train. Et j’ai trouvé un ange gardien de marque Samsung (je le désuhamise pour la blague mais c’est le plus bel humain que j’ai croisé en Inde jusqu’ici) que je ne suis pas près d’oublier.
Je peux profiter un peu de la ville. Mais attention : Varanasi est encore loin. Très loin…
La suite bientôt